Quatre courbes s'alimentent les unes les autres. La première, c'est la courbe démographique : la population mondiale devrait dépasser les 9 milliards d'individus à la fin du siècle. Parallèlement, la deuxième courbe, celle de la consommation de ressources et de la pollution, augmente. On pèse chacun, chaque jour, de plus en plus sur la planète. La troisième, celle de l'émission de gaz à effet de serre, et la quatrième, celle de l'érosion de la biodiversité, augmentent elles aussi. Pour employer une image, on voit bien que les trajectoires de l'humanité et de la nature sont en train de converger et qu'il va y avoir une collision.
Dans les modélisations prudentes du réchauffement planétaire présentées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la fourchette basse est tout simplement alarmante. En termes de désordres écologiques, de conséquences sanitaires, de pénuries de ressources, d'érosion de la biodiversité, le tableau est dramatique. On ne nous parle pas d'une échéance de 200 ans. On nous dit qu'il va y avoir un effet d'emballement dans le siècle. Ainsi, les océans ont une capacité de stockage du CO2 qui diminue lorsque la température de l'eau augmente. Ainsi, quand le permafrost repasse régulièrement à des températures positives, la fermentation des matériaux organiques reprend et le méthane, qui est un gaz à effet de serre beaucoup plus efficace que le CO2, est libéré dans l'atmosphère. Ainsi, à plus long terme quand la température des océans augmentera jusqu'à un seuil situé entre 2 et 5°C, les grandes quantités d'hydrates de méthane que comptent les océans se dissoudront, conduisant à une libération massive de méthane dans l'atmosphère. Le réchauffement que l'on peut attendre de ce prédateur des océans pourrait aboutir à une extinction de masse considérable, un recul de l'évolution de la vie de plus de un milliard d'année. Voilà trois effets d'emballement qui vont nous faire changer d'échelle.
On va changer d'échelle dans le siècle, bouleversement climatique, pénurie de ressource et problème écologique seront notre quotidien. Sortons du siècle des vanités, de la civilisation du gâchis, et entrons dans le siècle de l'humilité. Donnons un sens au progrès. Nous avons probablement encore les cartes de notre destin en mains, mais probablement que nous ne les auront plus pour longtemps. Chaque jour que nous cédons au scepticisme ou à l'immobilisme nous rapproche un peu plus de l'impasse planétaire.
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